Le rapport IA : notre ambition pour la France
Publié le 29 03 2024 | Mis à jour le 19 11 2024
En septembre 2023, Elisabeth Borne alors Première Ministre a annoncé la création de la Commission de l’intelligence artificielle qui rassemble des acteurs de différents secteurs (culturel, économique, technologique, recherche…). Nous avions la charge d’éclairer les décisions du Gouvernement pour positionner la France en leader face aux enjeux de l’Intelligence Artificielle. La Commission est co-présidée par Anne Bouverot, présidente du conseil d’adminisration de l’ENS et Philippe Aghion, professeur au Collège de France et économiste.
Nous avons remis le rapport le mercredi 13 mars au Président de la République. Ce dernier s’articule autour de 25 propositions visant à faire de la France un acteur majeur de la révolution technologique qu’offre l’IA. Voici quelques unes des mesures mises en avant par le rapport :
Investir dans l’IA en France le plus rapidement possible. L’IA est une révolution anthropologique majeure et transforme radicalement tous les secteurs, mais la dominance américaine sur le marché est indéniable. Les montants investis dans l'IA aux États-Unis sont 20 fois supérieurs à ceux investis en France, soit 3 à 4 fois plus quand on rapporte au nombre d'habitants. L’une des premières choses sur laquelle nous avons été plusieurs à insister, c'est donc de mettre en place une dynamique de financement qui soit à la hauteur de l'enjeu. Dans un premier temps, par la création d'un fonds dédié de 10 milliards d’euros qui serait financé par les grands corporates (CAC40...) et par le public. À moyen terme, en trouvant des ressources structurelles pérennes : assurance-vie, fonds de pension, ce qui permettrait de disposer de ressources massives et structurelles. États-Unis, Royaume-Uni, Suède ou Israël : il est important d'observer que les pays ayant la plus forte part du PIB investie dans l'économie numérique ont tous des systèmes par capitalisation. Et il est faux d'avancer que la solidarité serait nécessairement remise en cause.
Spécialisation. L’économie du numérique, dont l’IA est une composante cruciale, montre une Europe et une France en position de faiblesse, avec une activité 2,5 fois inférieure à celle des Etats-Unis. Cette disparité, si elle persiste, menace le déclassement économique de notre souveraineté et notre capacité à innover. La lente adoption de l’IA accentue le risque d’être dépassés par des acteurs plus agiles et innovants. Cependant, il n’est pas trop tard pour rejoindre la course et renverser la tendance en capitalisant sur nos atouts et en dynamisant notre écosystème d’innovation. Une idée est celle de la spécialisation : notre pays est un géant de l'environnement et de l'énergie décarbonée qui s'ignore. Suez, Veolia, Saur, EDF, Engie, Sonepar, Rexel, Schneider, Legrand... sont des numéros 1 ou numéros 2 mondiaux dans leurs secteurs. Créer une spécialisation/plateformisation autour de l'IA et de l'environnement serait donc pertinent. Penser que la seule option consiste à copier le modèle américain est absurde.
Le programme “Café IA”. C’est une initiative que le Conseil National du Numerique promeut depuis longtemps : créer un dialogue autour de l'IA avec des millions de Français, un plan de sensibilisation et de formation national consistant à créer les conditions d’une appropriation collective de l’IA et de ses enjeux.. Différentes études semblent indiquer que l'IA représente la quintessence des peurs collectives : peur sur notre autonomie, nos libertés, l'emploi, etc. Or, nous ne pourrons pas avancer collectivement et construire un système solidaire si nous n'avons pas un projet commun, une narration commune - un projet de progrès collectif. Il nous faut débattre, c'est l'objet du programme Café IA, et c'est la première proposition du rapport.
De nombreuses autres mesures pour profiter des possibilités qu’offre l’IA… L’IA offre des possibilités infinies, c’est une invitation à réimaginer notre avenir, à renforcer notre économie et à enrichir notre société. Néanmoins, cela exige une action décisive dès maintenant.