La souveraineté numérique passe aussi par la sobriété

Publié le 19 09 2022 | Mis à jour le 06 11 2024

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Pour un pays, le recours à des infrastructures numériques basées sur des plates-formes informatiques en nuage étrangères (« cloud »), questionne sa capacité à assurer sa souveraineté numérique et le fragilise. En étant contrôlée par des acteurs émanant de superpuissances, la non-maîtrise d’infrastructures numériques essentielles à son bon fonctionnement, à sa stabilité et à son économie, est synonyme de mise sous tutelle et de perte de contrôle de ses territoires numériques. Ainsi, il subit une forme de colonialisme numérique.

Les fournisseurs de cloud étrangers jouent avec les moyens que leur procure leur taille, leur puissance et leur position monopolistique. Les acteurs hégémoniques du Net sont capables de proposer une palette étendue de services et des offres intégrées, auxquelles il est difficile, pour les organisations publiques et privées, de ne pas céder. Ils font pression sur les prix sur un marché qu’ils contrôlent. Ils imposent une économie du numérique basée sur la location d’infrastructures et de services. Leurs clients ne sont plus, comme par le passé, propriétaires de leurs systèmes informatiques (et indirectement de leurs données), mais des abonnés à des plates-formes. Devenus dépendants, les clients sont contraints de payer une rente à vie à leurs fournisseurs.

Ce que signifie la dépendance

L’asymétrie du pouvoir entre les acteurs qui fournissent des services cloud et ceux qui les utilisent est telle qu’il y a de facto assujettissement aux règles imposées par les acteurs les plus forts. La mise sous tutelle numérique, contribue à faciliter des actions d’intelligence économique, mais aussi écoutes et surveillance numérique. Cela affaiblit les actions d’un pays dans les domaines économique, politique, diplomatique et militaire, tout en renforçant le pouvoir des acteurs dominants qui se nourrissent des activités numériques de leurs clients. La captation et l’exploitation des données leur permettent d’accroître leur offre de services (y compris ceux basés sur l’intelligence artificielle), services qu’ils savent monnayer et imposer.

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