De l’IA irrésistible à l’IA frugale : la transition nécessaire
Publié le 02 09 2024 | Mis à jour le 19 11 2024
[Chronique] Notre chroniqueuse Ana Semedo poursuit son exploration des enjeux de responsabilité de l’intelligence artificielle, en décryptant la question des spécifications de « l’IA frugale » lancées par l’Afnor et le ministère de l’Ecologie, qu’elle a copilotée.
Les LLM, véritables étoiles filantes de l’innovation, nous entrainent dans un mouvement incontrôlable. Des courses de géants qui secouent les souverainetés nationales, oublient la planète et fascinent humains et entreprises. Impossible de résister à l’innovation façon ChatGPT. C’est l’attrait de l’IA fatale !
IA fatale, IA létale (armes autonomes, cerveaux piratés, molécules toxiques…), IA fouineuse qui piste les citoyens, IA générale qui nous surpassera. IA qui remplacera l’humain, pour faire société avec lui. Quel sens donne-t-on à l’imbrication du technologique avec l’humain, le vert, le philosophique, l’économique, le social, le sociétal ?
Pour une meilleure perspective, prenons une « pano green » pour commencer. L’AFNOR SPEC IA frugale récemment publiée facilite ce cheminement. Elle est la première pierre indispensable et une invitation à penser notre IA de façon holistique.
J’ai copiloté cette première mondiale, lancée par l’Afnor et le ministère de l’Ecologie et à laquelle ont contribué 130 experts. Parmi eux, ont joué un rôle clé, Anne-Laure Ligozat et Aurélie Bugeau, deux chercheuses en IA, avec lesquelles j’ai également échangé pour préparer cette chronique.
Des lignes directrices pour l’IA frugale
Destinée aux créateurs, décideurs, acheteurs et clients d’IA, l’AFNOR SPEC IA frugale propose un référentiel opérationnel pour évaluer et réduire l’impact environnemental des systèmes et services d’IA. Elle fournit aussi des lignes directrices pour publier des informations environnementales, évaluer la qualité des allégations sur ce sujet et contribuer à la réalisation de rapports de durabilité dans le cadre de la directive CSRD.
En adoptant une approche holistique basée sur les cycles de vie des produits, services, terminaux, serveurs et réseaux, elle pousse à examiner les finalités, besoins réels et objectifs. Elle prône une conception durable, des algorithmes optimisés, l’utilisation de données strictement nécessaires, ainsi que l’adoption de bonnes pratiques, de partenariats et d’engagements sincères à tous les niveaux. Mais définir ces « pratiques sincères », c’est déjà s’interroger sur ce qu’est la « frugalité »[1], mot consensuel, souvent mal compris ou détourné.
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